"Je voudrais évoquer un livre signé d’Antoine Veil et publié par son petit-fils Aurélien. Ce recueil réunit les chroniques que son grand-père a écrites tout au long de sa vie. J’y suis très attaché, car j’ai bien connu Antoine Veil — et il ne faut surtout pas le réduire au rôle de « mari de Madame ». Il s’amusait d’ailleurs lui-même de cette étiquette : le premier chapitre s’intitule « Le mari de Madame », et il racontait qu’il recevait parfois des invitations adressées à « Monsieur Simon Veil ». Je l’ai accompagné dans ses engagements européens, et j’ai pu mesurer son intelligence, son humour, mais aussi sa bienveillance. Lors d’une période difficile de ma vie, il a été d’un grand soutien. C’était un homme d’une très grande qualité humaine, un haut fonctionnaire brillant, Inspecteur des Finances, mais surtout un militant infatigable de la cause européenne, du rapprochement franco-allemand et, ce qui est devenu si rare, du dialogue entre les forces politiques. Il avait créé le club Vauban, où il réunissait chaque mois ce qu’il appelait « les partageux et les parcimonieux », autrement dit la gauche et la droite, pour discuter sereinement des grandes questions du pays, ce qui nous change de maintenant, où les gens discutent, dans une atmosphère pas du tout sereine, des petites affaires de leur boutique …"