Les brèves

Faute d'Amour

François Bujon de L’Estang, créée le 13-12-2017

"Je suggère d’aller voir le film d’Andrey Zvyagintsev qui vient de sortir et qui s’appelle Faute d’Amour. Zvyagintsev est ce metteur en scène russe qui a déjà un grand nombre de succès cinématographiques avec des films comme Le Retour, comme Elena, comme Léviathan qui est un film extraordinaire sur la corruption dans la société russe d’aujourd’hui. Faute d’Amour est un film différent, c’est un film extrêmement dur, je préfère d’ailleurs le titre en Russe, Ne Liubov ce qui veut dire Pas d’Amour ce qui est un constat extrêmement brutal. C’est moins un film sur la société post-soviétique d’aujourd’hui qu’un film sur l’évolution de la nature humaine, sur l’égoïsme, sur la dureté, sur tous les traits bien caractéristiques de notre société moderne. C’est un fil remarquable qui a eu le prix du jury au dernier festival de Cannes et que je recommande vivement à nos auditeurs."


Pitié pour le général Lee

Jean-Louis Bourlanges, créée le 13-12-2017

"Je voudrais faire une brève sur les dangers de l’anachronisme en Histoire. Je ne parlerais pas de Colbert, mais du général Lee. On a eu une polémique aux Etats-Unis autour de la statue du général Lee. Tous les gens bien étaient du côté du déboulonnage du général Lee, et les gens qui soutenaient le général Lee étaient horribles, suprématistes, qui ne méritaient vraiment pas le soutien idéologique. Mais la grande victime dans cette affaire c’est Lee lui-même. Lee a été un commandant exemplaire des armées sudistes, le général le plus humain, bien meilleur et bien plus humain que les brutes comme Sherman qui dirigeaient les armées du Nord. Lee était, Bernard Tavernier nous le rappelait dans l’émission sur Lincoln qu’on avait faite avec lui, abolitionniste sur le plan de l’esclavage. Son seul problème a été, c’était le problème de la Convention de Philadelphie quelques décennies plus tard, si sa loyauté était à l’Etat de Virginie dont il était originaire comme d’ailleurs la plupart des premiers dirigeants des Etats-Unis d’Amérique, ou aux Etats-Unis. Il a fait le choix de la Virginie, historiquement c’est un choix mauvais mais vraiment, pitié pour le général Lee."


David Tang: ‘The party’s over’

Philippe Meyer, créée le 12-12-2017

"Éric Le Boucher : Deuxième brève à propos de la mort de David Tang qui était un chroniqueur britannique, en vérité chinois, né à Hong-Kong d’une famille très riche, déshérité puis « réhérité", qui a vécu parmi les stars, qui a fait fortune au jeu, qui a perdu plusieurs fois sa fortune., et qui vivait vraiment avec les stars. Le Financial times lui avait demandé une chronique sur l’urbanisme, la décoration, et il était toujours en retard et donnait des excuses pour son retard que le FT a raconté drôlement : « je suis désolé je suis en tournée avec les Stones » ; « je suis désolé Kate Moss m’emmène au tatouage » ; ou encore la meilleure, « la Reine trouve que vous me faites trop travailler. »."


Un été avec Machiavel

Marc-Olivier Padis, créée le 12-12-2017

"Je partage une de mes lectures d’été, c’est le livre de Patrick Boucheron qui s’appelle ‘Un été avec Machiavel’ qui était une série de chroniques radiophoniques au départ. Patrick Boucheron est donc un historien, spécialiste de l’Europe médiévale et titulaire d’une chaire au Collège de France, et là on retrouve la vocation initiale du Collège de France qui est par rapport au reste de l’université, c’est une institution qui doit diffuser le savoir à tout le monde et c’est ce qu’il fait dans ce livre sur Machiavel qui est fort bien écrit et bourré d’informations "


Le cardinal Lustiger

Philippe Meyer, créée le 12-12-2017

"Il y a dix ans disparaissait le cardinal Lustiger. Le dictionnaire du Vatican, qu’ont publié récemment les éditions Robert Laffont dans la collection Bouquins, mentionne une quantité considérable de cardinaux, des très anciens et des très récents, sauf le cardinal Lustiger. Je crois que cela donne la mesure de l’importance et du dérangement que ce personnage extrêmement énergique, quelque fois sans doute une énergie qui pouvait un peu heurter les autres, mais ce converti, qui avait aussi la vigueur et l’impatience des convertis, a pu apporter à l’Eglise de France, et comme il y a beaucoup de manifestations autour du souvenir du cardinal Lustiger je voulais simplement signaler qu’à mon avis, surtout compte tenu de l’étonnant silence de l’Eglise de France sur un certains nombre de questions, notamment celle des migrants, pourrait intéresser nos auditeurs."


La Révolution Russe vue par une Française

François Bujon de L’Estang, créée le 12-12-2017

"Nous sommes dans l’année qui commémore la Révolution Russe, nous ne sommes pas encore en octobre mais nous sommes après février, dont on a moins parlé puisque la révolution de février a été éclipsée par le putsch bolchévique du mois d’octobre. Et la Revue Des Deux Mondes pendant ce temps là continue d’exploiter les trésors de ces archives depuis 1829, date de sa création, en publiant dans la collection Agora, chez Pocket, un certain nombre d’écrits publiés jadis par la revue. Et l’un d’entre eux vient d’être rassemblé en un volume : la Révolution Russe vue par une Française. Ce sont les chroniques écrites après la révolution de février et jusqu’à l’été de 1917 par une journaliste française qui s’appelait Marylie Markovitch qui était l’envoyée spéciale du Petit Journal et de la Revue Des Deux Mondes à Petrograd, et qui a chroniqué les événements au jour le jour. C’est tout à fait fascinant, c’est une très bonne lecture qui donne une image extrêmement vivante de ce qui s’est passé pendant cette période troublée qui aurait pu se terminer différemment. "


Discours de M. Jean-Claude Juncker au Parlement Européen

Jean-Louis Bourlanges, créée le 12-12-2017

"On dit toujours qu’il ne faut jamais revenir au lieu où on a pêché. C’est pourtant ce que j’ai fait cette semaine. Avec une délégation de collègues du Parlement nous sommes allés au Parlement Européen et j’ai retrouvé cette maison dans laquelle j’ai vécu pendant 20 ans, et j’ai écouté le discours de Jean-Claude Juncker. Je voudrais simplement communiquer l’émotion que j’ai eue. Je compare un peu les deux assemblées, je ne dirai pas de mal de l’Assemblée Nationale, mais j’ai quand même le sentiment en écoutant Juncker - qui est un homme affaibli physiquement, mais qui a tenu un discours équilibré, prenant largement en compte les position françaises, très prospectif et très résolu, et en voyant la ferveur qui animait encore cette Assemblée, j’ai trouvé que là, on sentait quand même que l’avenir de notre pays dépendait très largement de la capacité que nous aurons à fabriquer une véritable Union Européenne. Je crois que les Français sont très mécontents, et souvent à juste titre, de la façon dont l’Union Européenne est faite, je crois qu’il suffisait d’assister à cette séance pour comprendre que de toute manière, notre avenir supposait que l’Union Européenne soit construite et qu’il y avait là un grand horizon qui demeurait notre horizon principal. "


Angela Merkel, l'ovni politique

Philippe Meyer, créée le 12-12-2017

"Éric Le Boucher : Un livre d’actualité avant les élections allemandes : un portrait d’Angela Merkel par une journaliste, Marion Van Renterghem (recommandé dans le précédent épisode par Michaela Wiegel) qui s’appelle un ovni politique. Elle a vu des dizaines et des dizaines de gens sauf Angela qu’elle n’a vue que 5 minutes, elle répond à cette énigme qu’est cette femme qui domine la scène européenne depuis plus de 10 ans. Fille de protestants à l’Est, ambiguë sur le communisme au départ, ambiguë sur ses relations avec les partis parce que c’est elle qui a fait tomber Kohl, son mentor pour des raisons de morale, fille de protestants. Et au fond la clef donne Marion Van Renterghem, c’est de dire que c’est une scientifique, c’est une chimiste et au fond elle raisonne par logique, et si elle est devenue très européenne, c’est que l’Europe c’est la logique. C’est un portrait très fouillé, très intéressant sur en effet, un ovni politique."


Notre-Drame de Paris

Philippe Meyer, créée le 11-12-2017

"Livre consacré à la gestion de la ville de Paris par son actuelle maire. Je n'aime pas le ton de ce livre, je ne comprends pas pourquoi lorsque l'on dispose d'autant de faits qui sont terribles pour l'actuelle municipalité (absence de prise en considération des problèmes les plus importants, relation avec les oligarques, arrogance avec laquelle la ville est gouvernée, ridicule), on utilise un ton aigrelet, quand il suffirait de dire les faits en sa possession. Néanmoins ce livre informe."


D'acier - Silvia Avallone

Nicole Gnesotto, créée le 11-12-2017

"Je voudrais parler d'une jeune romancière que j'ai découverte cet été, Italienne, 25 ans : Sylvia Avallone. Elle est beaucoup moins médiatisée qu'Elena Ferrante dont j'avais déjà parlé, mais sur le même thème, c'est-à-dire l'amitié de deux jeunes filles adolescentes de 13 ans, écrit un roman formidable sur la classe ouvrière en Italie au début des années 2000. Cela s'appelle D'acier, c'est paru en 2011 chez Liana Lévy. C’est un roman absolument extraordinaire. Une écriture très dure, très physique. C'est l'histoire d’une barre ouvrière devant l’île d’Elbe, où les hommes travaillent dans l’usine de métallurgie et les femmes essayent de s’en sortir. Ces deux jeunes filles rêvent de partir et notamment d’aller dans l’île. Et c’est extraordinaire, il y a notamment une scène, un suspens, sur 600 pages c’est un très gros roman, sur l’accident final qui est pour moi un très grand moment de littérature."


L'économie mondiale 2018

Marc-Olivier Padis, créée le 11-12-2017

"Chaque année les éditions de La Découverte publient dans la collections "Repères" un livre qui fait la synthèse de la situation de l'économie mondiale. C'est presque plus un outil de travail qu'une lecture de plage mais je vous le recommande quand même parce que c'est extrêmement bien construit. Et ce qu'on voit maintenant c'est que 10 ans après la grande crise bancaire et financière internationale, on est en train de passe rà un autre rythme de la situation économique mondiale et c'est très intéressante de voir ce nouveau cycle qui commence."


Bonaparte

Jean-Louis Bourlanges, créée le 11-12-2017

"Je voudrais recommander un livre qui m’a beaucoup intéressé, beaucoup plu, le livre de Patrice Gueniffey qui est une sorte de portraits croisés (de vies parallèles dirait Plutarque), entre Napoléon et de Gaulle. Patrice Gueniffey est, après Jean Tulard, le grand spécialiste français de Napoléon. C’est intéressant parce que dans l’introduction, il part de l’idée qu’il pourrait y avoir une trilogie: de Gaulle, Napoléon, et Louis XIV. Je crois que cela serait pertinent parce que de Gaulle est un trait d’union entre Napoléon et Louis XIV car c’est un héros démocratique, c’est-à-dire un héros surgi individuellement de la société et non pas un héritier, mais en même temps il a le sens des limites, il a le sens de l’enracinement dans un pré carré, le sens d’une continuité qui manifestement, font défaut à ce grand joueur qu’est Napoléon. Mais je comprends très bien que Gueniffey car ce qui l’intéresse c’est justement d’analyser ces Héros de la grandeur. Qu’est-ce qui les caractérise ? Comment se situent-ils ? Et il dresse un ensemble de parallèle sur le rapport au départ, au retour, à l’écriture, à la grandeur, à la perfection qui montrent que vraiment de Gaulle soutient la comparaison avec Bonaparte et je dois dire personnellement que je me suis toujours méfié, non pas de l’œuvre intérieure de Napoléon mais du caractère dément de son projet extérieur, et j’ai pour de Gaulle une admiration qui se trouve confortée par ce livre."