Les brèves

Jeunesse (le printemps)

Lucile Schmid, créée le 07-01-2024

"Je vous recommande d’aller voir ce film documentaire, présenté au dernier festival de Cannes. Il nous embarque dans des ateliers textiles de la ville de Zhili, à 150 kilomètres de Shanghai, et nous fait rencontrer cette jeunesse ouvrière, qui a 20 ans ou parfois moins. Ce sont des ateliers familiaux, à taille humaine, pas des grandes usines. Ce documentaire nous montre quelque chose d’extraordinairement vivant : des histoires d’amour, des histoires de sexe, des histoires de tout autre chose, des amitiés, des relations très difficiles avec des patrons qui ont le même âge que leurs ouvriers. C’est une vision absolument extraordinaire de l’exploitation humaine. Vous en sortez pourtant avec une impression de grande force quant à la société chinoise. Ces jeunes gens sont durement exploités, mais ils ont une force vitale absolument incroyable. Je préviens que le film dure 3h30, et que beaucoup de gens sont partis avant la fin dans la salle où je l’ai vu, sans doute peu habitués à des films sans rebondissement palpitant."


Hommage à Jérôme Garcin

Jean-Louis Bourlanges, créée le 07-01-2024

"Je dirai simplement mon hommage à Jérôme Garcin, qui quitte Le Masque et la plume. C’est un homme d’un très grand courage et d’un très grand talent. Il tenait ce rendez-vous du dimanche soir absolument obligatoire pour moi, généralement quand je rentrais de Normandie. Il a succédé à Pierre Bouteiller à la tête de cette émission, qui lui aussi était un homme remarquable. Je lui formule mes meilleurs vœux de retraite active, à la suite de son excellent travail."


Un jour aux Etats-Unis - Audition de Claudine Gay par Elise Stefanik

Philippe Meyer, créée le 07-01-2024

"J’ai reçu ce matin la lettre hebdomadaire de Guy Hervier « une semaine aux Etats-Unis », que j’ai déjà eu l’occasion de recommander. Un article m’a particulièrement intéressé, celui qui concerne l’audition des présidents d’université devant le Congrès américain, auditions beaucoup reprises par les chaînes de télévision françaises. Une députée de New York, Elise Stefanik, s’est montrée particulièrement pugnace dans ces débats face à ces présidents d’université, et notamment sur la question de l’antisémitisme. C’est du moins ainsi que l’ont présentée les télévisions françaises. Mais il se trouve que le débat a été plus profond sur l’interprétation de l’article de la Constitution américaine qui garantit la liberté d’expression (qui n’est pas envisagée de la même façon en France, il est toujours bon de le rappeler). Qui est Elise Stefanik, et quels sont ses rapports avec Harvard ? On ne nous l’a pas dit. Et Guy Hervier nous apprend que Mme Stefanik a été priée de quitter le conseil consultatif de Harvard, après ses positions en faveur de l’insurrection manquée du 6 janvier 2021 au Capitole, et sa contestation de la victoire électorale de Joe Biden. Faut-il en déduire qu’Elise Stefanik a voulu se « venger » de Harvard ? Pas forcément, en tous cas si l’ont veut faire de l’information, il faut donner ce genre de fait, et non se contenter de l’élément théâtral de l’interruption de la présidente de Harvard par Mme Stefanik. C’est une mauvaise nouvelle pour les journalistes : en 2024, il va falloir travailler …"


Mappemondes : un voyage dans le temps pour raconter le monde contemporain

Béatrice Giblin, créée le 07-01-2024

"Je vous recommande un nouvel atlas, celui de Xemartin Laborde, cartographe pour le journal Le Monde. C’est réalisé avec Delphine Papin et Francesca Fattori, et je dois vous avouer qu’ils sont tous trois mes anciens étudiants. Je suis très fière d’eux, car ils font un travail de grande qualité, une fois par semaine dans Le Monde, et ici avec ce livre. Xemartin Laborde a eu l’idée de reprendre la mappemonde, format très en vogue au XVIIIème siècle, avec une graphie un peu surranée, voire désuète, pour parler des problèmes les plus actuels. C’est fait très intelligemment, les informations données sont de grande qualité, et il y a même un certain humour. Vous allez passer un moment non seulement très intéressant, mais vraiment délicieux."







Le musée de la Marine

Philippe Meyer, créée le 17-12-2023

"Georges-Bernard Shaw, lorsqu'il découvrait une nouvelle salle de concert, commençait sa critique en la décrivant : était-on bien assis, avec un espace suffisant pour les jambes, à quoi ressemblait le public, comment se conduisait- il ? Était-il connaisseur où suiviste, venu pour montrer ses toilettes et son statut social ou amateur de musique ? Conservateur ou ouvert ? Je commencerai donc cette brève sur le nouveau musée de la Marine que j'ai visité à Paris (il se déploie aussi à Brest, à Rochefort, à Toulon et à Port-Louis) par dire qu'il est devenu méconnaissable et si spacieux que les maquettes qui en ont toujours été la principale attraction peuvent être vues et détaillées dans un remarquable confort. De son public, je dirais que le jour de ma visite il était composé de Parisiens guère moins jeunes que moi, mais depuis aussi longtemps et qu'il se divisait en connaisseurs et en arpenteurs. Les connaisseurs font parler les objets, les arpenteurs les passent en revue. Et il y a de quoi voir : rien n'est oublié, ni les grands tableaux des ports, ni les expéditions scientifiques, ni la pêche ni le sauvetage, ni la plaisance, ni les porte-conteneurs, ni les paquebots, ni la traite négrière, ni l'archéologie sous-marine, ni la chasse à la baleine, ni les tempêtes, ni les instruments de navigation, ni la vie à bord, ni les fonctions de représentation si décoratives de l'arme qui s'est longtemps fait appeler la Royale. Afin de ne pas être compté parmi les arpenteurs, j'ajouterai une remarque à ce qui concerne les scaphandres dont on voit au Musée de remarquables exemplaires : le détendeur, qui permet à un plongeur de respirer l'air contenu dans sa bouteille de plongée à la pression à laquelle il évolue n’a pas été conçu pour aller sous l’eau, mais sous terre. Son concepteur, le lieutenant de vaisseau Auguste Denayrouze, réformé et rentré dans son Aveyron natal après être devenu poitrinaire au Tonkin, l’a réalisé à la demande d’un ingénieur des mines de Decazeville, Benoît Rouquayrol, afin de faciliter le sauvetage des mineurs pris dans un coup de grisou et risquant de périr d’asphyxie. Jules Verne lui rend hommage dans « 20.000 lieues sous les mers ». On voit par là qu’il est bon que les choses soient dites."


Ce que la Palestine apporte au monde

Lionel Zinsou, créée le 17-12-2023

"Je recommande à nos auditeurs d’aller à l’Institut du Monde Arabe, pour voir cette exposition qui se tient jusqu’au 31 décembre. Elle donne une idée de la richesse de la création artistique palestinienne. Je trouve d’ailleurs que l’art a de plus en plus d’importance géopolitique. Pour découvrir la nation et le peuple palestiniens, passer par l’art est essentiel. Par exemple, s’agissant de l’Afrique, ce qui a été le plus réussi par la diplomatie française ces dernières années, c’est la restitution des objets d’art. L’intangible a une très grande importance. Et l’Institut du Monde Arabe est un fantastique instrument d’échanges entre les cultures. Savoir que la société palestinienne est par exemple relativement laïque (alors que ces temps-ci, on ne voit que le Hamas) est par exemple tout à fait salutaire. Tout cela se dit par l’art, et est plus nécessaire que jamais."


Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix

Nicole Gnesotto, créée le 17-12-2023

"Je voudrais rendre hommage à la récipiendaire du prix Nobel de la Paix 2023, Narges Mohammadi, journaliste iranienne. Elle a été emprisonnée 13 fois au cours de sa carrière, elle est actuellement encore en prison pour 8 ans (elle est détenue depuis 2016). Elle est d’un courage exceptionnel, elle a réussi à faire sortir de sa prison son discours de réception du prix Nobel. Ses enfants sont allés le lire à sa place à Oslo, et vous pouvez lire ce discours sur le site des prix Nobel. C’est une lecture extrêmement vivifiante, qui donne une idée de l’esprit de liberté qui souffle sur l’Iran. Un court extrait : « j’écris ce message derrière les hauts murs froids d’une prison. Je suis une femme du Moyen-Orient, issue d’une région qui, bien qu’héritière d’une riche civilisation, est actuellement prise au piège de la guerre, et la proie des flammes du terrorisme et de l’extrémisme. Je suis une femme iranienne qui est fière et honorée de contribuer à cette civilisation, aujourd’hui victime de l’oppression d’un régime religieux tyrannique et misogyne. Je suis une femme emprisonnée qui, confrontée aux souffrances profondes et déchirantes, dues au manque de liberté, d’égalité et de démocratie, a réalisé la nécessité de son existence et a trouvé la foi ». "