Les brèves

Ce qui est arrivé à Wounded Knee

Richard Werly, créée le 04-07-2021

"Je vais vous parler des Etats-Unis de décembre 1890, et du formidable récit que nous fait Laurent Olivier de « Ce qui est arrivé à Wounded Knee ». Ce massacre des Indiens un eu lieu la veille du nouvel an 1891, où l’armée américaine a massacré toute la tribu du chef Big Foot, l’un des derniers résistants à l’occupation de l’Ouest américain. Plusieurs livres d’anthologie ont déjà paru sur cette affaire, mais en anglais. Celui-ci est l’un des premiers en français, il est absolument passionnant, et nous montre une fois de plus que les fractures américaines sont toujours là, dans ce pays dont on sait l’importance qu’il a pour nous tous."



Le peuple du Larzac

Philippe Meyer, créée le 04-07-2021

"Je recommanderai pour ma part ce livre de Philippe Artières, paru aux éditions de la Découverte. On ne connaît généralement du Larzac que ce qui s’y est passé dans les années 1970, ignorant tout ce qui a précédé. Artières a une façon particulièrement intéressante et dynamique de raconter ce Larzac « d’avant le Larzac ». L’ouvrage nous fait prendre conscience d’à quel point le Larzac est essentiel pour nous tous. "


Le peuple du Larzac

David Djaïz, créée le 04-07-2021

"Ce n’est pas par fayotage, mais il se trouve que je voulais vous recommander cette semaine le même livre que Philippe. Quand j’ai vu le sous titre : « une histoire de crânes, sorcières, croisés, paysans, prisonniers, soldats, ouvrières, militants, touristes et brebis », cela m’a beaucoup attiré. Effectivement, j’avais du Larzac cette image d’un plateau où une horde de normaliens barbus étaient venus protester dans les années 1970 contre l’extension du camp militaire. Artières nous montre que ce territoire est un bouillons culture depuis bien plus longtemps que cela."


Napoléon l’exposition

David Djaïz, créée le 04-07-2021

"Je profite de cette redondance pour faire une deuxième recommandation : allez visiter la très belle exposition Napoléon à la grande halle de la Villette. Je n’ai pas une sympathie démesurée pour le personnage, je partage le jugement du général de Gaulle, qui faisait remarquer qu’il avait rendue la France plus petite qu’il ne l’avait prise, mais c’est très bien mis en scène, il y a beaucoup de pièces très intéressantes, on peut par exemple y voir la magnifique scène inaugurale du Colonel Chabert, avec la légendaire charge de cavalerie, l’une des plus meurtrières de la Grande armée. "


Ennemis héréditaires ?

Marc-Olivier Padis, créée le 04-07-2021

"J’ai lu avec beaucoup d’intérêt un dialogue franco-allemand entre deux historiens : Hélène Miard-Delacroix et Andreas Wirsching. Ils dialoguent sur les relations franco-allemandes, essayant de lever des malentendus et de mieux faire comprendre nos histoires respectives. C’est très plaisant à lire, très vif, et on se rend compte à quel point la constitution même de la nation allemande dépend de l’Histoire française, et des agressions successives de la France. Leur conversation va jusqu’à la période contemporaine, et nous laisse voir tout le chantier qu’il y a encore à mener dans le dialogue franco-allemand."


La République la force d’une idée

Jean-Louis Bourlanges, créée le 04-07-2021

"J’attire votre attention sur ce livre récemment publié. Il est signé de Jean Picq, magistrat de la cour des comptes et professeur à Sciences Po, où son cours portait sur l’Etat. C’est une réflexion sur la République que je vous soumets aujourd’hui, car il me semble très important de savoir ce que nous avons en commun : la République, et non pas ce que Sieyès appelait par opposition la « Re totale ». C’est la réflexion d’un homme modéré, politiquement au centre, d’un catholique attaché à la laïcité, et qui nous donne de la République une idée ouverte de trois manières. D’une part elle n’est pas simplement nationale, et le livre montre tout ce qu’elle doit à la tradition américaine, à la tradition néerlandaise et à la tradition anglaise. D’autre part, il déconnecte la République de la Révolution française. C’est une idée qui m’est chère, que j’avais trouvée chez François Furet : la vraie République s’est construite sur la négation de la fureur révolutionnaire, dans les années 1870-1880. La troisième ouverture est sur l’Europe. Picq est de ceux qui ne posent pas comme antinomiques l’organisation de la cité nationale et de l’organisation de la cité européenne."


Anecdote sur Napoléon III

Jean-Louis Bourlanges, créée le 27-06-2021

"Au lieu de la brève que j’avais prévue, je vais faire un petit commentaire sur le coup d’état du 2 décembre. Napoléon III avait été très soutenu par sa maîtresse britannique, Harriet Howard, qui l’avait tiré de la misère et avait financé le coup d’état ; elle fut également un formidable coup de bourse. Cela permit à Louis-Napoléon de lui écrire le lendemain : « je m’acquitte, nous sommes quittes, je te quitte ». L’autre mot est celui de Morny, ministre de l’Intérieur. Un préfet pas très averti lui envoie le télégramme suivant : « il paraît que l’Assemblée l’emporte sur toute la ligne ». Et Morny de répondre : « non c’est la ligne qui l’emporte sur l’Assemblée, vous êtes révoqué ». "


Pousser les murs

Lionel Zinsou, créée le 27-06-2021

"Pour faciliter le travail des historiens sur l’importance de l‘œuvre de Muriel Pénicaud en matière de social dans le quinquennat d’Emmanuel Macron, elle a publié aux éditions de l‘Observatoire des fragments de mémoires, où elle explique tout ce qu’elle a fait. Objectivement, on lui doit des ordonnances sur le marché du travail, qui sont passées grâce à un art de la négociation sociale exceptionnel. Elle a fait en matière de chômage partiel des avancées considérables au moment de la pandémie, l’explosion de l‘apprentissage est tout de même ce qui frappe le plus les chefs d’entreprise. Elle a peut-être été desservie dans l’expression par un côté un peu nature et peu régulé, alors qu’elle a une expertise exceptionnelle. Du coup, elle fait très bien l’explication et l’éloge de son travail, je vous recommande vivement ses mémoires, qui sont aussi le début de sa statue."


Signac les harmonies colorées

Nicole Gnesotto, créée le 27-06-2021

"Je vous recommande l’exposition sur Paul Signac au musée Jacquemart-André, jusqu’au 26 juillet. D’abord cet hôtel particulier est magnifique, le salon de thé à lui seul est extraordinaire. Ensuite, Paul Signac est un peintre peu connu, et cette exposition éclaire les liens entre les progrès scientifiques et l’art. Le peintre a un jour découvert les travaux d’un chimiste sur la diffraction de la lumière, et lui et Seurat ont vraiment mis en pratique cette idée que l’œil assemblait lui-même les couleurs quand elles étaient proches les unes des autres. Cela a donné le pointillisme de Seurat, puis l’école du fauvisme. Mais ce n’est pas qu’intéressant, c’est aussi magnifique. "


Là où nous dansions

Béatrice Giblin, créée le 27-06-2021

"Je parlerai d’un livre d’une journaliste romancière, Judith Perrignon. Elle s’est beaucoup intéressée à Detroit, et est allée y faire plusieurs enquêtes. Elle a décidé de faire passer dans un roman cet attachement qu’elle a eu pour les habitants de cette ville, en particulier les Afro-américains. Detroit est une ville aujourd’hui en train de se reconstituer, mais qui a longtemps été en pleine déréliction. Cette capitale mondiale de l‘automobile est toujours très étonnante, avec les restes des sièges sociaux immenses de General Motors, et une architecture très impressionnante des années 1930, dans une ville qui semble dévastée. Elle situe le roman dans la première cité conçue pour les Afro-américains, si vétuste qu’on pense qu’il va falloir la détruire. C’est toute la vie de cet endroit et de ces gens qui nous est décrite. "


La nuit des aventuriers

Philippe Meyer, créée le 27-06-2021

"Par ailleurs, je voudrais recommander un livre de Nicolas Chaudun. J’avais déjà signalé à propos de son précédent livre combien cet auteur me paraissait écrire comme on monte à cheval. Il m’a d’ailleurs confirmé qu’il était cavalier, puisqu’il a par ailleurs été notre invité pour une émission sur Paris … Ce livre est consacré au coup d’état du 2 décembre du président Louis-Napoléon Bonaparte, au jour le jour, avec des descriptions absolument admirables et des portraits remarquables de toutes les canailles de l’entourage du futur Napoléon III, ainsi qu’une succession de petites informations distillées ici ou là, sur ce que faisait Victor Hugo, sur ce qu’a écrit Tocqueville, bref c’est un livre qu’on ne lâche pas."