Les brèves

La liberté d’enseignement et les projets de loi de M. Jules Ferry

Jean-Louis Bourlanges, créée le 26-01-2020

"Mon ami Stanislas de Laboulaye qui a exercé plusieurs postes diplomatiques importants, m’a signalé une oeuvre que j’aurais dû connaître depuis très longtemps, celle de son trisaïeul Edouard Laboulaye, un quasi contemporain de Tocqueville, qui a contribué à faire construire la statue de la liberté. Son livre montre que le monopole de la collation des grades par Jules Ferry, la nationalisation de l’université est une erreur profonde. Si l’université est si malade encore aujourd’hui, c’est à cause de ce mauvais choix (le seul je crois) de Jules Ferry. "


Giraudoux l’humanisme républicain à l’épreuve

Jean-Louis Bourlanges, créée le 26-01-2020

"Je retombe en adolescence en recommandant deux livres, directement inspirés par des camarades de classe. Le premier est d’André Job, qui a consacré une grande partie de sa vie à l’étude de Giraudoux, il montre notamment quelque chose de tout à fait intéressant : l’auteur a été victime du fait d’être mort avant la libération, ce qui fait qu’on lui a accolé une image de désinvolture qui l’a écrasé, alors que toute son œuvre est en réalité empreinte d’une tension, d’une inquiétude et d’un tragique qui sont très forts. Ce livre réhabilite la place de Giraudoux dans l’Histoire, il n’a pas été le chantre précieux de la IIIème République qu’on a voulu faire de lui. "


Le grand écart

Richard Werly, créée le 26-01-2020

"Ma première suggestion est pour le livre de Pascal Perrineau, qui est un peu le pendant politique de l’archipel français. C’est tout à fait intéressant, il y a derrière ce livre un plaidoyer pour davantage démocratie directe. Je citerais cette phrase de l’introduction : « la disruption politique intervenue en 2017 a beaucoup contribué à délégitimer la représentation politique ancienne, sans parvenir à la renouveler. Cet échec a ouvert la voie à l’expression radicale de la contestation. »"



La mouche

Philippe Meyer, créée le 26-01-2020

"Christian Hecq et Valérie Lesort avaient déjà fait ensemble au Vieux-Colombier un « Vingt mille lieues sous les mers » absolument féérique. C’est exactement la même chose ici, avec une excellente maîtrise de tout ce que la technique peut apporter à un spectacle fantastique, avec tout ce que Valérie Lesort et Christian Hecq peuvent apporter d’humour, et une science du jeu que que les quatre comédiens partagent. J’y ai découvert à cette occasion un confrère visionnaire, celui qui s’est retrouvé en garde à vue pour avoir dit que le président de la République assistait à la réprésentation. J’étais dans la salle ce soir là. Cette garde à vue est une totale stupidité, en plus d’être un manquement aux règles tout à fait déplorable. Mais ce confrère est visionnaire en ce que, dans une déclaration ultérieure à sa garde à vue, il a dit qu’on lui avait confisqué son téléphone, parce que ce dernier contenait une vidéo montrant le président et son épouse s’enfuyant. Moi qui étais dans ce théâtre et avais le couple présidentiel parfaitement dans mon champ de vision, je les ai vus ne pas quitter le théâtre, applaudir aux saluts, et je sais qu’ils sont allés discuter avec les interprètes, même s’il y avait dehors l’attroupement que l’on sait. Par ailleurs, que des gens attendent le président de la République à la sortie d’un théâtre pour lui dire qu’ils ne l’aiment pas : rien à redire. Qu’en revanche ces gens entrent dans un théâtre et interrompent un spectacle, c’est vraiment montrer à l’égard du travail (celui des comédiens notamment) un mépris, à propos duquel on perd le droit de s’offusquer quand on prétend le ressentir soi-même."


Von Erbfeinden zu guten Nachbarn (Des ennemis héréditaires aux bons voisins)

Michaela Wiegel, créée le 26-01-2020

"Je retourne aux barricades, à l’occasion des 150 ans de la guerre de 1870. Ce petit livre, bientôt publié par Fayard, de deux historiens Hélène Miard-Delacroix et Andreas Wirsching : Von Erbfeinden zu guten Nachbarn (Des ennemis héréditaires aux bons voisins). C’est un livre très instructif, il s’occupe des éléments qu’on a un peu oubliés, par exemple comment, après la guerre de 1870, il y eut une sorte de regard sur l’Allemagne, qu’on retrouve aujourd’hui (même s’il est déprimais vidé d’envies revanchardes), un mélange d’admiration et de détestation. Instructif donc, mais aussi amusant. J’aimerais raconter une blague par laquelle commence l’ouvrage, sur la famille Lagarde, renommée en 1871 en « Wache » (qui veut dire : « la garde »), écrit avec un « W » mais prononcé comme « vache ». Du coup, après la première guerre mondiale, cette famille est renommée « vache ». En 1940, on la renomme « Kuh », et en 1945, la prononciation change, on passe de « Cou » à « Cul » ... Réjouissons-nous donc que Christine Lagarde n’ait pas vécu en Alsace ... "




Le cimetière de Picpus

Philippe Meyer, créée le 19-01-2020

"A propos de la Terreur, je signale qu’on peut aller au cimetière de l’église de Picpus, dans lequel il y a deux fosses communes. Dans l’une d’elles se trouvent les Carmélites de Compiègne, celles du Dialogue des Carmélites de Bernanos. C’est un cimetière très étonnant, dans lequel le drapeau américain a flotté pendant toute la guerre, car il y a là la tombe de Lafayette. Il a été créé par les aristocrates, pour les guillotinés et leurs familles. C’est un cimetière privé, ouvert au public à certains moments. On y voit ce que l’aristocratie a payé, notamment en 1914-1918. Il y a là quelque chose qui est de l’ordre du sens des responsabilités, je pense au général de Castelnau ; il était chef-adjoint d’état-major, quoi de plus commode pour plaquer ses enfants, or trois de ses fils sont morts, et deux de plus à la guerre suivante. C’est un endroit très émouvant."


Paris sous la Terreur

Richard Werly, créée le 19-01-2020

"Nous avons beaucoup parlé de colère climatique lors de cette émission, et je vais revenir sur la colère sociale française, à travers le prisme de l’Histoire, en recommandant deux livres que j’ai lus consécutivement et qui, je dois l’admettre, font un peu frémir. Le premier est « Paris sous la Terreur », qui raconte comment Paris s’est embrasé dans ces années folles, et comment la colère sociale est devenue colère de sang."