Les brèves


Deux remarques ...

Jean-Louis Bourlanges, créée le 29-03-2020

"Je ne peux pas m’empêcher, en entendant évoquer Pierre Hassner, de repenser au cadeau de mariage qu’il m’avait fait : une gravure tirée de Monsieur Prudhomme où figurait la formule célèbre et tout à fait d’actualité : « le char de l’état navigue sur un volcan ». Enfin, à propos de Somerset Maugham, j’aimerais rappeler son admirable définition du roman. « Un bon roman doit comporter de la religion, du mystère, du sexe et de l’aristocratie. L’exemple même de la phrase romanesque est : Ciel ! dit la Comtesse. Je suis enceinte ! Mais de qui ? »"


Narcos : Mexico

Richard Werly, créée le 22-03-2020

"Je pense que nous devons être nombreux à regarder des séries télévisées pendant ce confinement. Personnellement je me suis plongé dans la deuxième saison de « Narcos » sur Netflix, et je vous la recommande. Elle nous montre l’agonie d’un seigneur de la drogue mexicain dans les années 1980 face aux agences fédérales américaines. C’est passionnant, de facture on ne peut plus hollywoodienne, mais cela fait s’intéresser à d’autres formes de maladie et de difficultés, qui ont l’avantage d’être bien scénarisées. "


Disparition de Nicolas Alfonsi

Jean-Louis Bourlanges, créée le 22-03-2020

"Je voudrais rendre hommage à ce sénateur de la Corse, Nicolas Alfonsi, qui vient décéder, du coronavirus d’après ce que j’ai compris. C’était quelqu’un que j’ai bien connu, élu radical de gauche en 1981, puis chevènementiste, moins par hostilité à l’idée européenne que par hostilité au nationalisme corse. Nicolas Alfonsi a été un formidable patron du conservatoire du littoral en Corse. Il a, avec ténacité, clairvoyance, et un grand courage politique, constamment tenu tête à toutes les formes de mafias, et a grandement contribué à ce que le littoral corse soit encore aujourd’hui largement préservé, et nous hideusement défiguré comme peut l’être celui de la Côte d’Azur. Il a bien mérité, de la « petite patrie » comme de la grande. "



Rouge vif L’idéal communiste chinois

Béatrice Giblin, créée le 22-03-2020

"Pour rester dans le champ abordé ce matin, je vous recommande l’ouvrage d’Alice Ekman, publié aux éditions de l’Observatoire. C’est un livre très clair, d’une excellente spécialiste qui montre que le communisme n’a absolument pas disparu de Chine et qu’au contraire la conviction est très forte qu’il s’agit de la meilleure des idéologies, et qu’elle est promise à un grand avenir. Ce livre nous aide à sortir de cette représentation selon laquelle nous étions arrivés à la fin du communisme. Rien n’est moins vrai. "


Le hussard sur le toit

Nicolas Baverez, créée le 22-03-2020

"Sans doute l’un des plus beaux livres de Jean Giono. Le roman se passe en 1832 pendant la crise du choléra. Le héros, Angelo Pardi, est d’une certaine manière le fils spirituel du Fabrice del Dongo de Stendhal, et il affronte l‘épidémie de choléra en Provence. Giono disait de son livre : « le choléra est un révélateur, un réacteur chimique qui met à nu les tempéraments les plus vils ou les plus nobles ». Je pense qu’il en va de même aujourd’hui avec le coronavirus. "



Le choc démographique

Nicolas Baverez, créée le 22-03-2020

"Bruno Tertrais nous montre que ce sont les problèmes humains (vieillissement, naissances, urbanisation) qui sont au cœur des problèmes du monde d’aujourd’hui, mais aussi qu’il n’y a pas de choc démographique des civilisations, ce qui est tout à fait positif, puisqu’il est donc possible d’avoir une politique raisonnable en matière de démographie. C’est la chance d’aller vers un monde plus pacifique, et elle est bienvenue par les temps qui courent. "


La longue nuit syrienne

Nicole Gnesotto, créée le 15-03-2020

"Cet essai de Michel Duclos est capital aujourd’hui pour comprendre et relever le défi syrien, même si sa portée va bien au-delà. Michel Duclos fut ambassadeur en Syrie en 2006 et il conseille aujourd’hui l’Institut Montaigne. Plusieurs strates font la richesse de cet ouvrage : on y trouve bien sûr une analyse des facteurs qui ont conduit à la guerre civile, puis à une guerre internationale sur le sol syrien, dans laquelle la Russie, la Turquie et l’Iran jouent un rôle majeur. On y trouve aussi une réflexion lucide sur les impasses respectives des solutions militaires (en Irak en 2003) et diplomatiques (en Syrie en 2013) qui attendent les occidentaux face aux crises extérieures. Enfin, Michel Duclos entame une réflexion magistrale sur le nouvel ordre, ou chaos mondial, qui consacre la montée en puissance des nouveaux régimes autoritaires, sur fond d’abandon occidental, et notamment américain."


Didier Bezace

Philippe Meyer, créée le 15-03-2020

"On entrait de plain-pied dans son ambition. Il ne l’expliquait pas, il la donnait à voir et à entendre. Il l’illustrait par ses choix si ouverts, d’auteurs, de textes, d’interprètes, de mises en scène, par son besoin de partager ces choix avec le public le plus large, de concevoir sa programmation pour ce public et non pour flatter le conformisme de la critique. Il chantait volontiers, il avait même d’abord pensé que c’était sa vocation, aidé autant que trompé par sa voix au timbre de clarinette basse et se sentant chez lui dans l’univers de Brassens ou de Montero, de Pia Colombo ou de Patachou, de Lluis Llach ou de Pete Seeger. On entrait de plain-pied dans sa camaraderie. Aller voir les spectacles qu’il programmait au Théâtre de la Commune d’Auberviliers, en parler avec lui, le suivre dans cette cafétéria où il était disponible à tout le monde, c’était revigorer les enthousiasmes, les rêves et les idéaux que nous avaient insufflés, dont nous avaient persuadés, qu’avaient incarné pour nous Jean Vilar et la troupe du TNP. Ceux qui lui doivent d’avoir fait vivre cette idée du théâtre malgré la pétrification des milieux culturels et le carriérisme qui y règne sont dans un profond chagrin."


Revue « Zadig » (numéro 5)

Michaela Wiegel, créée le 15-03-2020

"Je recommande le dernier numéro de Zadig sur « Ces maires qui changent la France » et plus particulièrement la « fiche de lecture » de l’historienne Mona Ozouf sur « La crise allemande de la pensée francaise ». 150 ans après la guerre franco-allemande (« une guerre presque oubliée », dit Ozouf) elle a relu le livre de Claude Digeon sur la blessure intellectuelle que constituait la victoire éclair de la Prusse. « Il s’agit de l’effondrement brutal des deux images, celle de l’Allemagne, celle de la France », observe Ozouf. Sommes-nous à nouveau à un tel changement de perception entre nos deux pays ?"