Les brèves

Marchands d’art

Nicolas Baverez, créée le 12-04-2020

"Au moment où les musées, les expositions et les galeries sont inaccessibles, l'art se réfugie dans les livres. Je recommande à tous les entretiens entre Daniel Wildenstein et Yves Stavridès publiés par Lexio sous le titre Marchands d'art. Ils retracent la saga de la plus puissante et de la plus influente famille de marchands d'art au XIXème et XXème siècle, qui croise l'histoire de la politique et de l'économie. Parmi bien d'autres récits étonnants, celui qui concerne Clémenceau, le Tigre et père de la Victoire de 1918. Clémenceau, contrairement à nombre de ses pairs, n'avait pas fait fortune en politique et sa seule possession de valeur était un tableau de Poussin. Ayant besoin d'argent, il décida de s'en séparer et en confia la vente à Nathan Wilderstein. Un riche Américain l'acheta à un prix élevé sans donner son nom. Puis à la question "Où faut-il vous le faire porter ?", il répondit "Renvoyez-le d'où il vient : chez Monsieur Georges Clémenceau"."


Sous le Soleil de Satan

Philippe Meyer, créée le 05-04-2020

"Je vous recommande cette réédition du roman de Bernanos, parue il y a quelques mois déjà dans la collection Folio Classique. Elle s’accompagne d’une excellente préface de Michel Crépu, le patron de la nrf, ainsi que d’une très intéressante chronologie de la vie de Bernanos, établie par son petit-fils Gilles. Elle aidera beaucoup de gens qui y voient flou quand on parle de Bernanos, ne sachant pas très bien quelle sorte d’histoire personnelle et politique a été la sienne. "


Rouge vif L’idéal communiste chinois

Nicole Gnesotto, créée le 05-04-2020

"Ma brève concerne la Chine ; je vous recommande ce livre d’Alice Ekman paru en février dernier. Alice Ekman est universitaire, maître de conférences à Sciences Po. Son propos est de montrer, avec énormément de conviction je dois dire, que la Chine n’est pas une dictature capitaliste, que pays a une vraie idéologie communiste, que l’objectif de Xi Jinping est de parvenir « à la disparition ultime du capitalisme et à la victoire finale du socialisme ». Elle le fait à partir d’enquêtes extrêmement intéressantes de plus de 400 personnes interrogées pendant 7 ans. C’est vraiment troublant de s’apercevoir que le régime chinois est peut-être un vrai militant du communisme."


Une certaine idée de l’Europe

Michaela Wiegel, créée le 05-04-2020

"Retour à l’Europe pour ma part. J’ai relu ce petit essai de Georges Steiner, disparu juste avant la crise du Covid-19. Quand on s’y replonge, on voit bien tout ce que cette crise a suspendu. Sa grande idée est de dire que ce sont les cafés qui font l’Europe. Dessinez la carte des cafés, vous obtiendrez l’un des jalons essentiels de la notion d’Europe. Il écrit : « la dignité de l’Homme, c’est la découverte de la sagesse, la quête d’un savoir désintéressé, la création de beauté. Gagner de l’argent et inonder nos vies de biens matériels de plus en plus dénués d’intérêt est une passion profondément vulgaire et dévastatrice ». "




Disparition de Patrick Devedjian

Jean-Louis Bourlanges, créée le 05-04-2020

"Je voudrais dire quelques mots sur la mort de mon ami Patrick Devedjian. Ce fut pour moi une douleur personnelle, puisque nos deux familles étaient profondément liées et qu’il il m’avait beaucoup accompagné lors de la disparition de mon épouse. Deux choses frappaient chez lui, d’abord une extraordinaire juvénilité d’apparence, avec ce regard pétillant de malice, qui rend plus difficile encore l’acceptation de sa mort. Mais au-delà de cela, je voudrais dire qu’il était l’un des rares hommes politiques à avoir authentiquement mis au coeur de ses priorités la culture, l’art, la musique. Ce qu’il a fait dans les Hauts-de-Seine pour la Seine Musicale, ou le concours qu’il n’a cessé d’apporter aux formations orchestrales de Laurence Equilbey, cela témoignait d’une vraie conviction personnelle. Il était de ce point de vue une espèce de prince de la Renaissance, un héritier de l’Orient également, quelqu’un qui considérait que la vie collective était faite pour aboutir à la beauté. En ces temps difficiles où l’on a une conception très dégradée de l’engagement politique, il me semble que cet idéal, qu’il a porté très haut, mérite d’être salué."



Le chant des bêtes

Lucile Schmid, créée le 29-03-2020

"Un ouvrage passionnant et original de Jean-François Lattarico, qui porte sur la présence de l’animal à l’opéra. Peut-être certains d’entre vous avaient-ils lu le silence des bêtes, d’Elisabeth de Fontenay, . Il y a une certaine résonance avec ce livre-ci, qui raconte comment la scène lyrique regorge d’animaux : perroquets, rossignols, bulldog d’Offenbach ou grenouilles de Rameau. Dans ce moment où la question du langage est bouleversé, ce livre donne à voir comment, à travers les questions du chant, de l’aboiement, du cri, nous trouvons d’autres manières de nous parler. À la fois érudit, très émouvant et passionnant."


Mr Ashenden agent secret

Nicole Gnesotto, créée le 29-03-2020

"De la pure littérature ensuite. Comme je n’ai pas d’autre voyage possible que le tour de ma bibliothèque, j’en ai sorti un livre que je n’avais jamais lu. Il est fait pour l’évasion, c’est un divertissement pur, sans aucune prétention, mais il est formidable. C’est un recueil de nouvelles de Somerset Maugham. C’est très bien écrit, cela se passe pendant la seconde guerre mondiale, et je vous recommande en particulier la nouvelle intitulée « son excellence », un vrai bijou. "



Revue de la Défense Nationale n°827

Marc-Olivier Padis, créée le 29-03-2020

"Je voudrais recommander une revue dont on a rarement l’occasion de parler, celle de la Défense Nationale, qui a eu la bonne idée de consacrer un numéro spécial à Pierre Hassner, philosophe et spécialiste des relations internationales, qui avait régulièrement écrit pour la revue, qui publie ici une anthologie de ces articles, des années 1970 aux années 2010. La vision qu’avait Pierre Hassner des relations internationales impliquait les sociétés civiles, et les mouvements transversaux de société à société. Il fait partie des rares penseurs qui n’en restaient pas au niveau de la confrontation des Etats. Il aurait pu éclairer la situation actuelle. Ce volume commence par un portrait très réussi d’Hassner, sous le titre irrévérencieux mais affectueux de « Maître Yoda ». "