Les brèves

Capital et idéologie

Nicolas Baverez, créée le 15-09-2019

"Au risque de surprendre, je voudrais recommander la lecture de Thomas Piketty, de son livre sur le capital et l’idéologie. Marx disait que l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’était que l’histoire de la lutte des classes. Piketty pourrait de son côté dire qu’elle n’a été que la lutte des idéologies pour faire accepter les inégalités. On s’aperçoit que les données figurant dans le livre montrent que c’est faux, et qu’il y a une baisse spectaculaire de l’inégalité depuis les régimes féodaux. On s’aperçoit aussi que le socialisme participatif, censé dépasser le capitalisme et la propriété privée, reste assez largement dans les limbes. Mais l’exploitation des données fiscales, le travail de recherche est par ailleurs très utile. Finalement, il faut lire Piketty parce qu’on comprend encore mieux en le lisant pourquoi Tocqueville avait raison contre Marx, et pourquoi c’est la liberté politique qui prime sur les passions pour l’égalité. "


Fin du leadership Américain ?

Nicole Gnesotto, créée le 15-09-2019

"La rentrée littéraire, ce sont évidemment 750 romans, c’est aussi traditionnellement le moment où quelques livres de géopolitique font le tour du monde et essaient d’en comprendre le nouvel ordre. Le premier en date est celui publié à la Découverte, sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal, c’est l’état du monde 2020, intitulé cette année « fin du leadership Américain ? » A un an des élections présidentielles américaines, ce livre fait le bilan des forces et des faiblesses de la puissance américaine dans le monde, en particulier de l’acceptabilité aujourd’hui et (de moins en moins) partout du leadership américain. Je voudrais insister sur l’introduction de Bertrand Badie, grand professeur de sciences politiques, qui est une parole tout à fait différente et iconoclaste. Il propose une lecture de l’évolution du leadership américain depuis 1945 qui fait réfléchir. Je ne suis pas sûre que ce leadership ne soit pas une contrainte pour les Etats-Unis. "





Winston : comment un seul homme a changé l’Histoire

Michaela Wiegel, créée le 09-09-2019

"Je retourne au Brexit et à Boris Johnson, et je recommande la lecture de son livre « The Churchill factor », publié en français sous le titre « Winston : comment un seul homme a fait l’Histoire ». C’est très intéressant de relire comment Johnson explique à travers Churchill l’histoire de la Grande-Bretagne. On peut se dire que le fil rouge est probablement l’explication de l’erreur de Johnson : il pensait que son arrivée pouvait changer le cours le de l’Histoire, et on voit aujourd’hui les limites de cette démarche. "


Et le monde devint silencieux

Lucile Schmid, créée le 09-09-2019

"Je voulais vous recommander le livre de Stéphane Foucart, le journaliste du Monde, qui s’intitule : « Et le monde devint silencieux ». Il est sous-titré « comment l’agrochimie a détruit les insectes ». Le titre est une référence explicite au livre de Rachel Carson, publié en 1962, « Silent Spring ». Elle parlait des oiseaux à l’époque, Stéphane Foucard parle des insectes. C’est une enquête que je qualifierais de démocratique. Si nous citoyens, voulons comprendre le monde tel qu’il se passe et le transformer, nous devons investiture sans cesse, pas seulement dénoncer mais expliquer comment ces néo-nicotinoïdes sont par exemple une nouvelle robe de Médée. "



L’étrange défaite

Richard Werly, créée le 09-09-2019

"Je profiterai d’un anniversaire pour donner quelques suggestions de lecture, et c’est celui de la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne. J’ai relu à cette occasion « l’étrange défaite » de Marc Bloch, passionnante pour son analyse, à travers la défaite, de la société française de l’époque.
Le très beau documentaire, avec de magnifiques images d’archives : « 1939, la France entre en guerre » d’Antoine Vitkine, diffusé sur France 3 et en replay pendant encore un mois. "



Perdre la Terre

Lucile Schmid, créée le 30-06-2019

"Je voulais recommander un essai d’un romancier américain qui s’appelle Nathaniel Rich. L’essai s’appelle « Perdre la Terre » paru aux éditions du Seuil. Il est d’abord issu d’un article du New York Times qui avait été publié en 2018. Ce qui est passionnant c’est que c’est un récit du moment où les Etats-Unis auraient pu être à la tête de la lutte contre le réchauffement climatique et par le jeu de quelques acteurs en fait c’est le scénario inverse qui se produit. On suit une sorte de perte de mémoire organisée de la société américaine donc je voudrais rappeler qu’elle a été dans les années 60 et 70 la société où les scientifiques disaient le plus que le réchauffement climatique allait arriver, qui avait les lanceurs d’alerte les plus puissants. C’est très romanesque et palpitant. "


De Gaulle 1969

François Bujon de L’Estang, créée le 30-06-2019

"Je voulais signaler le livre d’Arnaud Teyssier sorti aux éditions Perrin qui s’intitule « De Gaulle 1969 ». C’est un livre qui me touche beaucoup parce que j’ai vécu pour ma part l’année 1969 à l’Elysée auprès du général de Gaulle. Le livre est très intéressant parce qu’il essaye de rationaliser quelque chose qui a déconcerté tous les français à l’époque c’est à dire la décision du général de Gaulle après 1968 alors qu’il s’efforçait de remettre le pouvoir sur les rails, de se tourner vers un référendum dont le thème était la régionalisation et la surpression du Sénat. Arnaud Teyssier élabore la thèse selon laquelle le général sentant que la fin de son règne était proche, s’est efforcé de consolider les institutions de la Vème République. Il voulait par conséquent léguer aux français quelque chose qui marche. C’est une thèse intéressant mais un peu trop belle qui a tendance à évacuer la thèse du suicide politique. "