Les brèves

Eloge de l'oubli

Béatrice Giblin, créée le 08-04-2018

"Vous avez fait cette thématique sur Mémoire et Oubli et je voudrais citer le livre de David Rieff Eloge de l’Oubli, la mémoire collective et ses pièges. Il est extrêmement éclairant en particulier sur nos sociétés actuelles qui sont des sociétés beaucoup plus diversifiées beaucoup plus multiculturelles avec une partie de nos concitoyens qui ont une autre histoire que la notre et qui vivent en tant que victime et qui demandent une reconnaissance de ce qu’a été leur douleur, leur souffrance. Qui ne l’ont pas forcément vécu, ce sont les petits-enfants parfois. Et on voit bien les problèmes que ça pose et je pense que cette réflexion là nous serait extrêmement utile."


Vers la catastrophe russe de Boris Kritchevski

Jean-Louis Bourlanges, créée le 08-04-2018

"Je reste dans les affaires russes je voudrais recommander le livre aux éditions de Fallois, c’est donc une des dernières décisions qui a été prise par le regretté Bernard de Fallois, le livre de Boris Kritchevski intitulé qui nous conduit vers la catastrophe russe et qui est préfacé par notre ami Jean-Claude Casanova. C’est intitulé Lettres de Petrograd au journal l’Humanité octobre 1917- février 1918. Kritchevski était un socialiste russe parlant parfaitement français qui avait été envoyé par l’Humanité à ce moment complètement critique à la fois pour la défense nationale française et pour l’avenir de la Russie, qui étaient les révolutions de 1917 en Russie et il envoyait des lettres à l’Humanité qui ont été immédiatement arrêtées. Je crois que ça montre deux choses, ça montre que dès le début un certain nombre d’hommes lucides et bienveillants envers le socialisme avait compris la perversité intrinsèque du système léniniste qui portait en lui la dérive stalinienne comme la nuée porte l’orage et deuxièmement c’est que très tôt un certain nombre de sirènes. Dès le début des années 20, il y avait eu une chape de plomb. Romain Roland avait dit qu’une grande lumière s’était allumée à l’Ouest, en réalité, la ligue des Droits de l’Homme avait tout de suite décidé de ne pas rendre compte des atteintes aux Droits de l’Homme en Union Soviétique en raison de la grandeur de l’objectif révolutionnaire poursuivi. Il faut lire ce livre, il est prémonitoire, il dit tout, tout de suite."


L'Égypte en révolutions de Stéphane Lacroix et Bernard Rougier

Philippe Meyer, créée le 25-03-2018

"Où va l’Égypte ? Le peuple a-t-il « fait tomber le régime », comme le proclamaient les milliers de mani-festants de la place Tahrir en janvier 2011 ? Que s’est-il passé depuis la chute de Moubarak le mois suivant ? Pourquoi l’islam politique, porté par les urnes lors des premières élections libres jamais organisées, a-t-il fait l’objet d’un rejet massif lors de la deuxième révolution de juin 2013 ? Assiste-t-on au rétablissement définitif d’un ordre autoritaire après la répression sanglante des Frères musulmans, l’accession à la présidence du maréchal al-Sissi et l’arrestation de militants révolutionnaires ? Le pays est-il le poste avancé d’une contre-révolution régionale soutenue par les monarchies du Golfe ? Plus active que jamais, la violence jihadiste peut-elle contaminer l’ensemble du spectre islamiste – à commencer par la base militante des Frères musulmans, qui s’interroge sur l’action à conduire et dont les dirigeants, condamnés par la justice, croupissent en prison ? Cet ouvrage est le premier à rendre compte des dynamiques en cours dans le pays depuis l’irruption révolutionnaire. Rédigé par des spécialistes égyptiens, américains et français qui ont vécu au rythme des bouleversements de l’actualité égyptienne, il éclaire l’avenir d’un géant démographique, politique et culturel dont les élans et les crises affectent l’ensemble du monde arabe et musulman."


Le Yémen de Laurent Bonnefoy

Philippe Meyer, créée le 25-03-2018

"Stéphane Lacroix : Le Yémen a longtemps fasciné bien des voyageurs, parfois illustres, d’Ibn Battuta à Arthur Rimbaud et André Malraux. Il apparaît comme l’incarnation d’une authenticité tant arabe que musulmane. Toutefois, bien que pris dans les soubresauts de l’histoire mondiale (colonisation, guerre froide et terrorisme) et occupant une place stratégique à la croisée des continents, il reste mal connu et perçu comme marginal et passif. Patrie d’origine de la famille Ben Laden, lieu où l’attentat contre Charlie Hebdo a été commandité, le Yémen a émergé en tant que menace à la sécurité internationale dans le contexte de la guerre mondiale contre le terrorisme et a vu son image se détériorer. L’offensive armée saoudienne lancée en mars 2015 en a fait une victime directe de la lutte entre puissances régionales. L’ambition de cet ouvrage est de dépasser ces perceptions catastrophistes et cette lecture purement sécuritaire pour s’intéresser aux modes d’intégration du Yémen dans les relations internationales. Il s’agit, à partir de figures et d’interactions spécifiques (du diplomate au terroriste en passant par le migrant et l’artiste), d’analyser la place qu’occupent cet État et cette société dans les enjeux contemporains. Car le Yémen, loin d’être une marge, se trouve au cœur de processus fondamentaux qui ont trait aux flux transnationaux, aux mécanismes de domination et aux résistances qu’ils engendrent. Mieux le comprendre, c’est aussi mieux appréhender un Moyen-Orient et un monde en crise."


Les islamistes saoudiens. Une insurrection manquée de Stéphane Lacroix

Philippe Meyer, créée le 25-03-2018

"Les événements du 11 septembre 2001 ont projeté au cœur de l'actualité les islamistes saoudiens, dont Oussama Ben Laden se veut le plus éminent représentant. Du fait de la très grande opacité du royaume saoudien, cette mouvance reste néanmoins largement méconnue. Qui sont ces activistes qui défient au nom de l'islam un pouvoir ayant fait de la religion la ressource principale de sa légitimité ? Et comment sont-ils parvenus à étendre leur emprise et à mobiliser en profondeur dans la société saoudienne ? Enfin, pourquoi leur " insurrection " s'est- elle in fine heurtée à la résilience du pouvoir des Al Sa'ud' ? C'est à ces questions que répond le présent ouvrage, en s'appuyant essentiellement sur des sources écrites et orales de première main, recueillies notamment lors d'enquêtes de terrain en Arabie Saoudite."


LA VIERGE, LES COPTES ET MOI

Philippe Meyer, créée le 25-03-2018

"Stéphane Lacroix : Namir part en Egypte, son pays d'origine, faire un film sur les apparitions miraculeuses de la Vierge au sein de la communauté copte chrétienne. Très vite l'enquête lui sert de prétexte pour revoir sa famille, à la campagne ; et pour impliquer tout le village dans une rocambolesque mise en scène… Entre documentaire et autofiction, une formidable comédie sur les racines, les croyances… et le cinéma."


Ivan Maiskï: La marche à la guerre 1932-1943

Jean-Louis Bourlanges, créée le 18-03-2018

"Je reste sur la Russie d’une certaine façon, je voudrais vous recommander le journal d’Ivan Maïski. Journal 1932-1943. Ivan Maïski était ambassadeur de l’URSS à Londres pendant cette période décisive. Personnage très intéressant d’abord parce que c’était un menchévik, un des derniers, car Staline n’avait pas encore abattu sa main de fer sur ce dernier. C’est un homme assez libre et pour trouver un dirigeant de l’époque stalinienne qui écrive quelque chose, il faut se lever tôt. Ils savaient que tout écrit pouvait être utilisé contre eux, lui il a écrit un journal et c’est une formidable lecture de la marche à la guerre. Quand on voit les liens profonds entre Churchill et la Russie, on comprend parfaitement l’attitude de Halifax. Maïski c’est un personnage qui est au cœur de toute la diplomatie, diplomate à l’ancienne, extrêmement ouvert, comprenant parfaitement la société britannique. Essayant de trouver un accord avec le Royaume-Uni et en même temps on voit que le Royaume-Uni au milieu de tout ça, c’est la théorie de Halifax : On aime pas Hitler, on aime pas Staline donc s’ils pouvaient se taper dessus ça serait parfait."


Un mois à la campagne - Ivan Tourgueniev

François Bujon de L’Estang, créée le 18-03-2018

"Pour ceux de nos auditeurs qui s’intéressent au théâtre et qui aiment la Russie, je leur conseille de se précipiter au théâtre Dejazet pour la mise en scène de Un mois à la campagne de Ivan Tourgueniev mise en scène d’Alain Françon avec beaucoup de goût, beaucoup de tact, beaucoup de finesse et d’intelligence. Cette mise en scène est très réussie et surtout je pense qu’elle rend assez bien justice à Tourgueniev, les français sont toujours convaincus que le théâtre russe commence avec Tchekhov et Stanislavski mais Ivan Tourgueniev c’est 1850, c’est antérieur. Ca n’est pas le même œil que Tchekov, c’est un œil beaucoup plus méchant et très aigu sur la nature humaine, il n’y pas le côté doux-amer qu’on retrouve chez Tchekhov. Il y a quand même une « russité » très très forte qui s’exprime très très bien à travers une très belle langue, c’est une pièce très bien construite et très bien équilibrée qu’on ne donne pas très souvent, c’est une bonne production. Si vous voulez passer une soirée de très bon théâtre vous avez jusqu’au 28 avril pour vous rendre au théâtre Dejazet."


La Tempête à la Comédie Française

Nicole Gnesotto, créée le 18-03-2018

"J’ai aussi une brève théâtrale Shakespearienne, dramaturge très à la mode depuis le début de l’année. J’ai vu deux pièces formidables, l’une à l’Odéon Mac Beth mis en scène par Stéphane Braunschweig, l’autre à la Comédie Française La Tempête mise en scène par Robert Carsen. Deux pièces sur l’usurpation du pouvoir légitime et qui se traduisent très différemment, l’une par le pardon et l’autre par la folie meurtrière avec une espèce de spirale du crime. Tout ça avec deux mises en scène très différentes mais vraiment au service de la pièce. La Tempête est toujours à l’affiche"


La Déposition de Pascale Robert-Diard

Philippe Meyer, créée le 18-03-2018

"De mon côté je voudrais recommander la publication en Folio du livre de Pascale Robert-Diard La déposition qui porte sur l’affaire Leroux ou Agnelet comme on voudra mais qui porte ici sur l’un des fils Agnelet : Guillaume, qui à un moment donnée a désiré soulager sa conscience en cessant de taire ce qu’il savait et de raconter ce qu’on lui avait demandé de raconter. Il y a une atmosphère extrêmement dramatique comme dans les comptes rendus de Pascale Robert-Diard pour ceux qui la connaissent dans le Monde, reconnus pour leur sobriété et leur qualité. On est emporté par une énigme quand on a affaire à des gens comme Maurice Agnelet qui sont d’un seul bloc et que ce bloc semble tellement exsuder le mal et le goût du mal qu’on cherche à se demander ce qui, en eux, nous fait appartenir à la même humanité. C’est donc la réédition de Pascale Robert-Diard que je vous conseille cette semaine !"


Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques

Lucile Schmid, créée le 18-03-2018

"Je suis comme Rex Tillerson, je ne suis pas sur Twitter. J’ai observé que cette semaine Twitter avait fait un peu de littérature en invitant les Twittos à faire des tweets sans « e » comme l’avait fait Georges Perec dans son roman La disparition et moi je voulais conseiller de lire ou relire Georges Perec qui est un auteur que j’aime beaucoup et je voulais conseiller un petit bijou, moins connu que ses ouvrages principaux. C’est en fait un pastiche incroyable de tout ce qui peut-être ouvrage scientifique. Le maître article est un article en anglais, toujours un pastiche scientifique, qui raconte les effets du jet de tomate sur la cantatrice. Il faut aller jusqu’à lire les notes de bas de page où en fait il invente des articles signés Roux et Combaluzier comme la marque d’ascenseur. Et donc je vous invite à relire du Georges Perec après ces conseils venant de Twitter."


La disparition de Josef Mengele

Marc-Olivier Padis, créée le 12-03-2018

"Moi je vais revenir en arrière pour parler d’un livre dont on a déjà beaucoup parlé, que j’ai lu avec énormément d’intérêt, le livre d’Olivier Guez qui a obtenu le prix Renaudot La disparition du Docteur Mengele, publié aux éditions Grasset. Si vous n’avez pas eu l’occasion de le lire je vous le recommande vraiment parce que j’ai hésité à lire ce livre, je craignais quelque chose d’un peu malsain sur un personnage terrifiant et je trouve qu’Olivier Guez a trouvé la bonne distance par rapport au personnage, il ne nous plonge pas dans son intimité, c’est pris de l’extérieur. Plutôt que de faire une histoire ou une pseudo-psychologie d’un criminel, il raconte l’histoire de l’Argentine après la guerre, pourquoi les nazis ont été si facilement accueillis dans ce pays, pourquoi l’Allemagne a eu autant de mal à laisser remonter les questions de la mémoire et de l’exploration de ses souvenirs. C’est donc un texte vraiment très très réussi et je vous le recommande vivement.."