Les brèves

Vote à l’Assemblée nationale sur l’accord franco-algérien de 1968

Lucile Schmid, créée le 02-11-2025

"Je voudrais revenir sur le vote à l’Assemblée nationale de la résolution portée par le Rassemblement National pour dénoncer l’accord franco-algérien de 1968, adoptée à une voix près, 185 contre 184. Ce résultat, obtenu dans un hémicycle à moitié vide, est symboliquement très fort. Il traduit non seulement la progression du RN, mais aussi la dérive d’une partie du spectre politique vers des alliances de circonstance, tactiques, autour de ses propositions. Je suis frappée par la disparition du front républicain. Celui qui, en 2024, avait encore permis à des députés du Bloc central ou de droite d’être élus semble désormais sans prolongement dans la pratique politique. Cette défaillance ouvre la voie à une banalisation du RN. Quant à la relation avec l’Algérie, elle reste un sujet d’une grande complexité. Le régime algérien continue d’instrumentaliser la haine de la France, mais la question dépasse ce seul rapport de culpabilité. On a affaire à une histoire imbriquée, douloureuse, qui appelle de la nuance et du discernement. C’est précisément cette complexité que le vote de l’Assemblée a ignorée, en cédant à une logique binaire et opportuniste."


Le trottoir

Antoine Foucher, créée le 02-11-2025

"Je recommande le groupe Le Trottoir, et notamment deux de leurs chansons qui me plaisent beaucoup : Sur les sentiers du monde et Au bar du printemps. Philippe les connaît bien, et je trouve que leur écoute fait un bien fou. Après une émission comme la nôtre, où le destin français ne paraît pas toujours très réjouissant, ces morceaux redonnent de l’élan. Il y a dans cette musique une joie de vivre communicative, jamais naïve, toujours traversée d’une légère mélancolie. C’est un enthousiasme profond, entraînant, qui remet du baume au cœur — exactement ce qu’il faut pour respirer un peu après avoir beaucoup réfléchi …"


Donnerons-nous notre langue au chatGPT ? : l'impact de l'IA sur notre avenir

Antoine Foucher, créée le 02-11-2025

"Je recommande ce livre de Gilles Moyse, publié aux éditions Le Petit Robert. C’est le premier livre qui m’ait vraiment permis de comprendre, en quelques heures seulement, ce qu’est l’intelligence artificielle. Je ne suis pas ingénieur, et je m’agaçais de lire beaucoup sur le sujet sans jamais saisir comment tout cela fonctionnait. Gilles Moyse remonte à la machine de Turing et explique, avec une clarté remarquable, les fondements techniques de l’IA sans jamais employer de jargon. C’est un ouvrage lumineux : il rend accessibles les mécanismes de l’intelligence artificielle et permet, une fois les bases comprises, d’aborder autrement les grands enjeux qu’elle soulève — productivité, emploi, souveraineté. L’auteur s’appuie sur des études récentes, mais toujours dans un langage limpide. Une lecture idéale pour ceux qui veulent comprendre ce phénomène de l’intérieur, sans être des spécialistes."


Au travail avec Duras, Robbe-Grillet, Rivette et quelques autres

Philippe Meyer, créée le 02-11-2025

"Je recommande également ce livre de Luc Béraud, un cinéaste qui écrit sur le cinéma avec une clarté et une pédagogie rares. Il ne cherche jamais à impressionner, mais à faire comprendre, sans jargon, ce qu’est concrètement le métier de cinéma. Dans ce livre, il revient sur sa longue période d’assistant, qu’il raconte chapitre par chapitre, aux côtés de réalisateurs aussi différents que Marguerite Duras, Alain Resnais, Éric Rohmer ou Jacques Rivette. Ce sont des mondes très éloignés de Netflix ou de Kathryn Bigelow, mais Luc Béraud parvient à rendre chaque expérience vivante et instructive. Même quand on est réservé devant certains noms — je pense à Marguerite Duras, à propos de laquelle Pierre Desproges disait qu’elle n’avait pas écrit que des conneries, elle en avait aussi filmé — on se surprend à lire avec un réel intérêt les pages que Béraud lui consacre."


Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : 17 écrivains pour la Palestine

Akram Belkaïd, créée le 02-11-2025

"Je conseille un recueil de textes très courts écrits par dix-sept auteurs en solidarité avec la Palestine. Le titre reprend un vers du grand poète palestinien Mahmoud Darwich, appris dès l’école par les enfants palestiniens. On y trouve des contributions d’Annie Ernaux, Alain Damasio, J. M. G. Le Clézio, Joseph Andras, entre autres. Ces textes, à la fois sobres et puissants, restituent une réalité que les médias peinent souvent à saisir, et rappellent combien la littérature peut encore dire le monde avec justesse et émotion."


Franco, le dernier dictateur

Jean-Louis Bourlanges, créée le 02-11-2025

"Je recommande ce documentaire en deux parties consacré au Caudillo espagnol, en deux épisodes de 52 minutes, accessibles sur le site de France Télévisions. J’ai assisté à la projection du premier à l’Assemblée nationale avec mon petit-fils, et j’ai trouvé ce film absolument fascinant. Il comble un véritable angle mort : nous parlons souvent de l’Italie, mais très peu de l’Espagne, pourtant essentielle pour comprendre l’Europe du XXème siècle. Ce portrait est d’autant plus instructif qu’il montre un homme sans charisme, sans éclat, mais d’une redoutable habileté politique — un manipulateur qui a su se hisser au pouvoir en s’appuyant sur Hitler et l’aviation allemande. Le film rend compte de la guerre civile espagnole dans toute son horreur, sans parti pris simpliste : il condamne le franquisme mais montre aussi les exactions du camp républicain. C’est un document équilibré, qui rappelle combien cette guerre fut moins une lutte pour le pouvoir qu’une volonté d’extermination réciproque. Une œuvre à voir, pour comprendre ce qui s’est joué de l’autre côté des Pyrénées."


A house of dynamite

Philippe Meyer, créée le 02-11-2025

"J’aimerais recommander A House of Dynamite, un film réalisé par Kathryn Bigelow pour Netflix. Comme toujours chez elle, le suspense est d’une efficacité virtuose, mais ce qui m’a frappé, c’est la réflexion qu’elle propose sur la prise de décision. Le film part d’une hypothèse d’attaque nucléaire probable sur Chicago, mais au-delà du scénario catastrophe, il s’attache à montrer comment, dans un univers saturé d’outils informatiques, de protocoles et de procédures censés tout prévoir, il reste des êtres humains contraints de décider — vite, et dans des conditions extrêmes. Bigelow exagère sans doute la vitesse de ces décisions, mais c’est pour mieux mettre en scène cette tension entre la mécanique du contrôle et l’imprévisibilité du jugement humain."


La dette sociale de la France : 1974-2024

Michaela Wiegel, créée le 26-10-2025

"Un livre passionnant qui éclaire, mieux que beaucoup d’autres, la question au cœur de l’obsession allemande pour la France : d’où vient cet endettement colossal ? Nicolas Dufourcq, le directeur de BPI France, prolonge ici son précédent ouvrage sur la désindustrialisation avec une enquête fouillée menée à travers des entretiens. Il y retrace la mécanique de notre État social, cette logique d’emballement qui conduit sans cesse à en faire davantage, sans se soucier du coût cumulé. On y découvre qu’environ 2 000 milliards sur les quelque 3 500 milliards de dettes françaises proviennent de la dette sociale. C’est un livre très éclairant sur les racines profondes du modèle économique français."


Réactions de la gauche espagnole au prix Nobel de la paix

Philippe Meyer, créée le 26-10-2025

"Il paraît que quand on se regarde on se désole quand on se compare on se console. Peut-être cet adage a-t-il un sens si l'on jette un œil aux réactions de l'extrême gauche espagnole à l'attribution du prix Nobel de la paix Maria Corina Machado, opposante au régime dictatorial en vigueur au Venezuela. Les mouvements Podemos et Izquierda Unida s'en sont donnés à cœur joie. L'ancien vice-président du gouvernement Pablo Iglesias, figure de Podemos, a déclaré : « la vérité est que pour attribuer le Nobel de la paix à Corina Machado qui depuis des années essaye de réaliser un coup d'état dans son pays on aurait aussi bien pu le donner directement à Trump et même à Adolf Hitler à titre posthume. »"


Les fantômes de l'île de Peleliu

Marc-Olivier Padis, créée le 26-10-2025

"J’aimerais recommander ce livre d’un historien de la guerre qui s’attache moins aux stratégies qu’à l’expérience humaine du conflit. Bruno Cabanes, installé aux États-Unis et enseignant à l’Université d’État de l’Ohio, s’est intéressé à un épisode oublié de la guerre entre les États-Unis et le Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur l’île de Peleliu, en Micronésie. À partir des mémoires d’un jeune soldat, Eugene Sledge, des archives militaires et de quatre voyages sur place, il compose un récit à la fois biographique, historique et sensible. C’est aussi un voyage dans ces îles autrefois colonies allemandes, dont les jungles portent encore les traces de la guerre."


Les guerriers de l’hiver

Nicolas Baverez, créée le 26-10-2025

"Je recommande vivement ce livre d’Olivier Norek, inspiré d’un épisode méconnu de l’histoire : la guerre d’hiver qui opposa la Finlande à l’Union soviétique entre novembre 1939 et mars 1940. Cette guerre oubliée ressemble pourtant de manière frappante à l’agression de l’Ukraine par la Russie : même cynisme des dirigeants, même aveuglement stratégique, même incompétence initiale compensée par la force brute. Norek alterne les points de vue, montrant à la fois l’héroïsme des soldats finlandais mal équipés, la lâcheté diplomatique de la France, du Royaume-Uni et de la Suède, et le chaos du commandement soviétique miné par les commissaires politiques. C’est un livre d’une grande force, à la fois historique et terriblement actuel."


La disparition de Josef Mengele

David Djaïz, créée le 26-10-2025

"Je veux recommander un film exceptionnel qui vient de sortir : La disparition de Josef Mengele. Kirill Serebrennikov, immense metteur en scène venu du théâtre, a choisi d’adapter le roman d’Olivier Guez en prenant une direction singulière. Plutôt que de rejouer la traque de l’« ange de la mort » d’Auschwitz, il s’attache à une question vertigineuse : que devient un homme monstrueux, une fois séparé du système monstrueux qui l’a porté ? Ce choix donne une profondeur inattendue au récit, où se croisent la banalité du mal, la figure de la bête traquée et la persistance d’une idéologie que Mengele continue d’assumer jusqu’au bout. C’est un film à la mise en scène d’une précision rare, servi par une interprétation bluffante d’August Diehl. Je vous le recommande vivement."